Pérou, en dépit des accusations, la présidence s’accroche au pouvoir

PAR PIERRE ROTTET

Révélations ou plutôt confirmations. Face à la justice péruvienne, un officier de la police péruvienne a affirmé que la présidente Dina Boluarte avait effectivement donné aux forces militaires et policières l’ordre de tirer et de tuer des manifestants.

Dans son programme « Al estilo Juliano », ATV Noticias, l’une sinon l’unique chaîne de tv péruviennes non inféodées aux pouvoirs occultes du Pérou, au congrès, à la présidente Boluarte, au gouvernement et à son mauvais génie Alberto Otàrola, révèle les accusations de l’officier en question, portées contre Boluarte, présidente illégitime du Pérou et à ce titre cheffe des forces armées. ATV Noticias a eu accès à l’audition de Dina Boluarte lors de son interrogation menée par le Parquet péruvien.

L’officier des forces de police était entendu dans le cadre de la tuerie de Juliaca, une localité de l’altiplano proche de Puno, qui a fait 18 morts par balles le 9 janvier dernier.

A ce jour, depuis le début de la rébellion indigène, mi-décembre 2022, on compte entre 50 et 60 victimes, selon les sources. Nombre d’entre elles, plus de 35 sans doute, sont mortes sous les balles des militaires et des policiers, certaines atteintes dans le dos.

Jhon Torres Yataco, l’officier de police en question, était entendu le 6 juin dernier par le Parquet dans le cadre d’une enquête ouverte contre la présidente Dina Boluarte et son Premier ministre Alberto Otàrola, pour les charges d’assassinats qui pèsent sur eux.

Selon « La Republica » du 24 juin, le parquet péruvien a en outre ouvert cette semaine une enquête sur la mort de « 28 des 46 personnes tuées à ce jour, victimes de la répression ».

« La police a reçu l’autorisation de la présidence de tirer et tuer les manifestants lors de la journée de rébellion du 9 janvier dernier à Juliaca et à Puno », a déclaré l’officier Jhon Torres Yataco, aujourd’hui « mis à la retraite ».

Selon le journaliste de ATV Noticias, Alonso Ramos, qui s’appuie sur une partie de l’interrogatoire de l’officier à laquelle il a eu accès, interrogatoire mené par le Ministère public, le procureur attaché à cette affaire, les ordres de ses supérieurs ont été donnés à l’aéroport de Juliaca. « Chacun d’entre-nous savait ce qu’il avait à faire, à savoir le lancement de gaz lacrymogènes contre les manifestants, pour certains, à se servir des AKM contre ces mêmes manifestants, (fusil d’assaut kalachnikov) pour d’autres, avec l’autorisation du commandement supérieur des forces de police. Et donc de la présidence».

Dans son émission de jeudi dernier, « Al Estilo Juliano » tend en outre le micro à des journalistes de Radio La Decana, de Juliaca. « Où donc étaient les canaux nationaux de TV, témoignent-ils. Où étaient-ils ? Personne n’était là pour relater la tragédie. Personne pour parler des dizaines et des dizaines de morts et de blessés! »

Des infirmiers et infirmières du Centre de santé « Mariana Melgar, dans la ville martyre de Juliaca, précisent encore les journaliste de La Decana, ont demandé en urgence un cessez le feu. En vain ! Sans réponse aucune des ministères de la santé et de l’intérieur…

Pour nombre d’observateurs indépendants, de l’impunité règne dans l’air. Rien de changé à cela depuis des décennies en ce qui concerne les crimes des militaires et des policiers. Qu’une loi scélérate protège. Une loi que ne protège cependant pas Mme Boluarte et son premier ministre. Ce qui explique leur acharnement à s’accrocher au pouvoir. Tout au moins jusqu’en 2026. Mais avec l’idée de s’y arrimer bien au-delà. Les bases sont jetées. La dictature qui se met en place se moque bien des échéances démocratiques…

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