PAR CHRISTIAN CAMPICHE
« Un coup de tonnerre dans ce pays libéral ». A l’instar du « Monde » en France, la presse étrangère s’épate. Voilà une région dont les habitants ont eu le du culot de braver les consignes du gouvernement. A une très large majorité, Suissesses et Suisses ont accepté le principe d’une 13e rente AVS. Peu habitués aux coups de force, les médias helvétiques réagissent pour leur part de manière contrastée.
Ainsi dans le quotidien numérique Watson, Antoine Menusier voit-il « une revanche du peuple », alors que le Blick, lui, joue plutôt au rabat-joie. « La gauche exulte certainement plus que les Suissesses et les Suisses dans leur salon », commente le rédacteur en chef Michel Jeanneret. De toute évidence, au moment de rédiger son éditorial, ce journaliste n’avait pas encore regardé le journal télévisé montrant les pensionnaires d’EMS aux anges. Ou bien voulait-il signifier qu’une partie de ces malheureux retraités ne verront jamais la concrétisation de leur vote? La 13e rente n’entrera en vigueur qu’en 2026…
Le résultat n’est pourtant pas une immense surprise. D’abord il ne dément pas les sondages qui annonçaient une majorité de oui depuis le début de la campagne. Pour inverser la tendance, on a bien essayé de monter les jeunes contre les vieux dans un scénario qui rappelle étrangement celui du Covid. En substance: « je ne vois pas pourquoi je paierais ta rente, je ne toucherai jamais la mienne ». Raté, encore une fois. Pour réussir, il eût fallu que les toutes jeunes générations se rendent massivement aux urnes. Manifestement les aînés ont été plus zélés.
Ensuite l’acceptation de l’initiative reflète le ton de l’écrasante majorité des courriers de lecteurs dans les journaux. En prenant position pour le non avec des arguments interprétés comme le credo confortable de privilégiés arrogants, aux antipodes des préoccupations d’une population dont une part croissante s’enfonce dans la précarité, un groupe d’anciens conseillers fédéraux a suscité l’ire générale, le mot n’est pas exagéré.
La coalition au pouvoir ferait bien de se méfier. La victoire de l’Union syndicale est un coup de semonce. Dans un très gros dossier, celui des négociations avec Bruxelles, l’organisation faîtière ne veut pas entendre parler de concessions en matière de protection salariale. Son président Pierre-Yves Maillard et son brillant économiste en chef Daniel Lampart forment un front très soudé avec Vania Alleva, la présidente d’Unia, le plus grand syndicat du pays. Le vote du 3 mars renforce encore cette détermination.
Une grande victoire de la démocratie. Le genre de jour où l’on est fier d’être Suisse.
Sauf qu’elle n’est pas encore en application (premier janvier 2026?), car elle va arroser des nantis déjà surprimés, politique de « guidelines » dont les plus démunis risquent une fois de plus de faire les frais, à moins que le Conseil fédéral fasse une contre-proposition (ce qui est dans l’air) de n’offrir une 13eme rente qu’au dessous d’un certain revenu.
Cela vous est-il si difficile de vous réjouir ?
Comme il a été dit : c’est une superbe décision démocratique, face aux sophistes de tout poil !
Oui, effectivement, les plus que nantis auront une « friandise » à la fin de l’année alors qu’ils n’en ont pas besoin. Mais le plaisir de voir que le peuple ne courbe pas l’échine devant les remontrances de ceux qui détiennent le pouvoir, Ça c’est top !
Oui cette fois fière d’être suisse, ce qui n’est de loin pas toujours le cas. Je me suis donc hier soir empressée d’envoyer la nouvelle à l’étranger ;
J’ai une suggestion pour les anciens conseillers fédéraux, notamment eux, qui ont incité à refuser cette initiative.
Créez s’il vous plait un fonds dans lequel vous pourrez faire don de votre 13ème rente pour une utilité publique.
Vous montreriez ainsi à la population de Suisse que vous n’êtes pas totalement hors sol et que vous êtes réellement solidaires.
Je ne nie pas que vous ayez beaucoup travaillé… à l’instar de quasiment tous les Suisses…
Mais rien, strictement rien, selon moi, ne justifie les traitements « royaux » d’un autre âge, auxquels vous avez « droit ».
Ceux-ci bien sûr au détriment de la population, puisque c’est elle qui vous a toujours financés.
Tout à fait d’accord avec votre suggestion de proposer un fonds de solidarité à ces anciens conseillers fédéraux, qui, pour le coup, auraient été bien inspirés de rester discrets.
Bravo à M. Maillard et son comité pour leur engagement !
Je ne me fais pas de souci pour les finances fédérales. Il y a eu dans les dernières années des occasions où notre gouvernement trouvait rapidement quelques milliards ! Au tour du peuple et des plus démunis ! même s’il est vrai que les plus nantis recevront aussi la 13e rente !
Félicitations pour votre éditorial!!!
Exprimé avec élégance et pertinence!!
Une argumentation intéressante: dans infosperber, Urs Gasche demande que la 13e rente soit versée en 2025 déjà!
https://www.infosperber.ch/wirtschaft/wachstum/die-13-rente-bereits-im-naechsten-jahr-auszahlen/
Excellent éditorial, qui donne un aperçu d’une situation dont les citoyens suisses, plutôt obéissants vis-à-vis des autorités, n’ont pas souvent donné l’image. Je fais partie des anciens élèves à qui, dès l’école primaire, on expliquait que les conseillers, syndics, parlementaires « savaient ce qu’ils faisaient » et qu’il fallait donc « leur faire confiance ». L’expérience, pour ceux qui savent voir et surtout acceptent de le faire, aura démontré qu’une telle soumission est loin d’être méritée. Essentiellement pour trois raisons. D’abord, et je l’ai expérimenté autrefois à l’intérieur d’un parti politique, parce que 90 % des hommes et femmes politiques deviennent candidats pour leur gloriole personnelle dont, pour beaucoup, ils escomptent tirer des avantages matériels. Ensuite parce que les « élites », c’est-à-dire les plus riches, forment avec les grands milliardaires de la planète une ploutocratie qui, pour la première fois véritablement au niveau mondial, entrevoient la possibilité de dominer totalement la plèbe, d’en éliminer les éléments superflus ou gênants et d’accaper l’ensemble des richesses naturelles, matérielles et sociales, y compris la culture. Enfin, parce que la ploutocratie helvétique, notamment depuis ses acquaintances sordides avec l’UE du tyran corrompu von der Leyen, rêve de se laisser absorber par un ensemble qui va certes effacer la nation suisse et dissoudre son peuple mais également leur offrir une place de choix à la table des rescapés du grand nettoyage nucléaire sur le point d’advenir. Après tout, comme vient de l’exposer dans une vidéo magistrale l’économiste Charles Sannat ( https://insolentiae.com/russie-lerreur-danalyse-est-de-croire-que-la-guerre-est-impossible-et-ce-qui-doit-faire-peur-cest-que-la-guerre-ne-fait-plus-peur-ledito-de-charles-sannat/), entre les bunkers que se font construire les plus fortunés et la preuve par Tchernobyl et Hiroshima que l’on peut survivre après le feu nucléaire, la marche vers l’horreur est bel et bien programmée.
Bravo à Christian Campiche, grand homme de plume et observateur lucide.
La victoire populaire du 13ème mois d’AVS de dimanche demeurera longtemps gravée dans les
mémoires de nos aînés comme de nos enfants, car elle contribuera à donner une image
humaniste de la Suisse dans le monde, pays devenu un modèle social de démocratie
directe, car il s’agit bien d’une retraite sociale vitale basée sur la solidarité et l’équité garantie
par la Confédération, mais sans indexation.
Ce complément légitime soulagera les bourses de nombreux retraités dans les règlements
des hausses de primes maladie abusives des dernières années. Cette forme de justice sociale
pourrait peut-être libérer un peu l’aide sociale systématique ou devenir un rattrapage sur
le budget santé des ménages.
Au moment de la retraite ce bonus pourrait ralentir les séparations familiales en raison de
départs à l’étranger nécessaires mais pas obligatoires.
La Suisse s’est distinguée par un magnifique esprit libre de cohésion de générosité et de
fraternité avec les anciens. Ceux-ci en sont très reconnaissants, car la fin de vie est toujours difficile pour les riches comme pour les pauvres.