Après le 1/3 de la série où j’exposais ces 3 notions et leurs subtilités, dans le 2/3, je me suis concentré sur la famille et sa complexité. Rajoutons la notion d’entreprise familiale et voyons ce que cela entraîne. Les images qui nous sautent aux yeux sont souvent celles de business scabreux ou mafieux, comme dans le film à succès, ‘Family Business’ ou la série connue du Parrain, interprété de façon tellement majestueuse par la galerie d’acteurs impressionnants !
Et bien non, si je cite BNP-Paribas, tant par leur nombre, que par leur poids économique, les entreprises familiales représentent une part substantielle dans l’économie. Elles contribuent à hauteur de 70% du PIB mondial et génèrent entre 50% et 80% des emplois. Avec plus de 14 millions d’entreprises, elles représentent la grande majorité des entreprises en Europe ; leurs critères de reconnaissance sont propriété majoritaire, gouvernance et transmission.
Le Club des Hénokiens
Le Club des Hénokiens est une association qui regroupe des entreprises de tous continents dont la particularité est d’être en activité et restées des entreprises familiales depuis 200 ans ou plus… et il n’y a que 56 membres. On dit que la 1ère génération crée, la 2ème développe et la 3ème dilapide, d’où le fait que si peu atteigne ce statut ; mais il y a aussi le souci bien connu du ‘Family Business’ Network, avec ses 4500 familles sur 65 pays, qui souhaite qu’il perdure.
Comme toute entreprise qui se vaut, un Family Business (FB) se repose sur des valeurs plus solides que la moyenne, des valeurs familiales inculquées par les générations créatrices, ce qui entraîne la cohésion d’ensemble. Cependant, comme partout, c’est souvent la transition qui entraîne les conflits dévastateurs et la perte de propriété dans le monde bien connu des fusions-acquisitions. Avec l’entreprenariat à outrance récent, que va-t-il alors se passer ?
Un FB, s’il est issu d’un seul fondateur, va automatiquement mener à une triangulaire entre la famille, l’actionnariat et l’emploi. Peu de membres seront à l’intersection des 3 cercles et cela peut rapidement créer des déséquilibres délétères où népotisme, favoritisme, apartés vont envenimer les relations humaines. Le doux mélange des dimensions professionnelles, personnelles et affectives entraînent des quiproquos dommageables pour l’union familiale !
Les notions du ‘paraître’
L’attrait matériel des dernières décennies a envenimé la situation, dans la mesure où les notions du ‘paraître’ ont pu dominer au détriment de l’être familial. Si l’on sait que l’argent ne fait pas le bonheur, c’est la relation humaine qui a été prouvée par Harvard comme étant le facteur dominant ; or, la presse people est trop heureuse de mettre en exergue les frasques de telle ou telle famille dans leur partage, suite à succession, transmission, ou héritage !
Alors, pour vivre heureux, vivons cachés, est-ce la solution ? Non, il faut s’organiser avec méthode de façon que chacun puisse trouver place adéquate dans la triangulaire citée plus haut. Cela commence par une charte familiale qui cimente les valeurs fondamentales et les comportements acceptables des uns et des autres. Chacun doit avoir sa place, chacun doit faire sa part relative à sa présence dans l’un l’autre des 3 cercles et ne pas se mêler de tout.
La compétition commence très tôt
Plus difficile à faire qu’à dire dans un monde où la compétition commence très tôt, dans les fratries. Si l’on dit qu’un équilibre garçons-filles dans les enfants peut donner plus de stabilité à la génération suivante, il n’y a pas d’étude concluante et, à l’heure des natalités en baisse et des tensions sur le genre, ce n’est pas le sujet. Par contre l’attachement naturel doit être favorisé par des activités communes à répétition au cours des années : prendre le temps…
Une crise peut toujours arriver mais, si l’étymologie dit vrai, c’est l’occasion du rebond et de la guérison. Tout reposera alors sur l’état d’esprit de chacun et l’esprit de famille inculqué par les générations précédentes, même si une médiation sera parfois nécessaire. L’engagement de chacun, caractérisée par l’envie, la volonté, la motivation, reste un pilier fondamental ; il a ses racines dans de nombreux projets communs et il n’est jamais trop tard pour bien faire.
©Martin de Waziers