Tribune libre – L’euthanasie est suicide, pas un palliatif!

Plusieurs pays ont légalisé l’euthanasie et/ou le suicide assisté, avec des modalités variées en fonction de la législation nationale. Parmi eux, on trouve la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, le Canada, l’Espagne, la Nouvelle-Zélande et le Portugal. Certains pays, comme la Suisse, autorisent le suicide assisté, mais pas l’euthanasie. Et la France, après des mois de tergiversations, a voté son texte, en Assemblée, ce mardi 27 mai 2025 !

La vie est un droit et, face à un droit spolié, on oppose la loi. Un homicide, atteinte à la vie de l’autre, est considéré comme punissable, sauf circonstances atténuantes reconnues. Mais, alors, le suicide, qui vient de la même étymologie mais concerne ‘sui’, soi-même ? Il est inscrit dans notre inconscient collectif, de toute humanité, comme répréhensible. La vie est ‘tous les droits en un seul’, le droit à la dignité humaine, le droit à tous les autres droits !

Pourquoi?

Demander à quiconque de parler de sa mort et la 1ère réaction est souvent : pourquoi ? En tous, cas, je veux mourir en bonne santé, droit dans mes baskets, clair dans ma tête ! Et quel est le pourcentage qui meurt dans son sommeil, comme si de rien n’était ? Une chose est claire, comme disent les Américains, il y a deux choses dont on est sûr, tout au long de sa vie : la mort et les impôts ! Le coffre-fort ne suit pas le corbillard, alors il faut contribuer…

Ce droit à la mort est rupture du soin donc de l’éthique sociale, de la solidarité inscrite dans le droit civil, de l’approche médicale ou thérapeutique. C’est un choix personnel, clairement se donner la mort, en latin ‘sui-caedo’ ! Alors, ce droit à la mort est une négation de la vie, le droit ultime dont on peut se servir quand on veut en finir, comme lorsque l’on veut changer de sexe. L’homme n’est-il pas en train de jouer avec la seule beauté ultime qu’est la vie ?

Eros et Thanatos

Finalement, dans ce monde de consumérisme à outrance où le paraître vaut beaucoup plus que l’être, on agrège désormais suicide et euthanasie, comme son palliatif, au détriment des soins palliatifs qui sont là pour pallier la ‘souffrance’. Si l’on peut gérer la douleur physique avec de la morphine, souffrir c’est supporter, endurer la pression psychologique, or quelle est celle qui pèse le plus, si ce n’est la perspective de la mort et son approche inéluctable ?

Eros, pulsion d’amour, de désir et de vie et Thanatos, la mort en grec, sont deux dieux de la mythologie qui nous font comprendre cette tension des opposés que nous avons à vivre ! En bonne santé, on vit avec le 1er, handicapé, psychotique, malade ou avec l’âge, on est tiraillé et on sent l’attraction de l’autre bord qui nous poursuit telle la Grande Faucheuse ou se tient, telle l’épée de Damoclès, au-dessus de nos têtes. Pour moi, la mort est un nouveau soleil !

Ai-je besoin de l’aide à mourir, ce langage imagé pour se dédouaner mais engager un autre dans mon acte ? Mon autonomie se révèle alors une forme d’égoïsme puisque je dois avoir une aide extérieure qui, selon les cas, culpabilise à l’idée de me voir souffrir et va regretter, plus tard, son aide, ou, à l’inverse, refuse pour ses propres raisons personnelles et se sent responsable du fait qu’il a prolongé mon calvaire. Dilemme atroce teinté d’amour de l’autre !

Positivisme

Heureusement que l’on a des gens vertueux comme Philippe Pozzo, l’Intouchable, qui aura passé 30 ans tétraplégique en contribuant à la vie des autres, ou Gilles Van der Spek, 4 ans d’un cancer incurable, qui les aura passés à démontrer son positivisme avec le sourire et entraîner des milliers à profiter de la vie avec positivisme ! Et puis, il y a celui qui refuse tout assistanat ou traitement d’un mal qui le condamne et qui mourra, droit dans ses bottes.

Si le matérialisme a étouffé la spiritualité ces 40 dernières années, le souffle de vie demeure et permet à tout un chacun de trouver sens à sa vie, en cherchant sa paix intérieure, plutôt qu’emprunter un cul de sac et louper son envol. Commencez par mieux vivre sur les plans physique, psychologique, spirituel, cela vous évitera de chercher à, soi-disant, mieux mourir. 3 mois avant que le Sénat ne choisisse ou non de contresigner la loi, reste donc l’espérance.

©Martin de Waziers, Bruxelles

Ai-je besoin de l’aide à mourir? Photo DR

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2 commmentaires à “Tribune libre – L’euthanasie est suicide, pas un palliatif!”

  1. Dominique Olgiati 2 juin 2025 at 09:47 #

    merci pour ce temps de réflexion que vous m’offrez, début d’un lundi arrosé d’une pluie de vie.
    Vie sans mort ou mort sans vie, voilà la question; pour moi j’envlève le « ou » car ce sont deux mains spirituelles de Vie.
    A bientôt de vous rencontrer une fois avec Christian
    Dominique (Claire-Dominique quand je sgne pour infoméduse)

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      Martin de Waziers 2 juin 2025 at 20:45 #

      Oui, merci, Dominique, de bien préciser deux mains spirituelles de Vie, avec le grand V de la victoire ! Martin

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