Tribune libre – 13e rente, les raisons de voter oui


Ce qui frappe dans l’argumentaire des milieux officiels est une série d’affirmations qui éclairent la mentalité de nos parlementaires et de nos conseillers fédéraux.

La première prétend que la 13e rente est superflue «car la grande majorité des retraités n’en a pas vraiment besoin». On rejoint ici le monde de Davos et de sa mentalité ultralibérale, monde dont l’une des priorités est de paupériser le peuple pour en faire un troupeau soumis à l’oligarchie mondialiste. «Vous n’aurez plus rien et vous serez heureux», proclame le grand-prêtre Schwab. Ne jamais ajuster les rentes AVS tout en laissant le coût de la vie augmenter sans cesse participe de cette volonté de forcer les gueux à se contenter de peu et à se taire. La manière dont les classes moyennes, après les classes populaires, sont en train de subir une chute régulière de leur pouvoir d’achat en est une illustration.

La deuxième affirmation est que de très nombreux retraités touchent une rente d’une caisse de pension, ce qui sous-entend qu’ils devraient en être reconnaissants et s’en contenter. De surcroît, beaucoup de retraités seraient censés disposer d’une fortune suffisante pour combler les trous. Paroles caractéristiques d’une classe à très hauts revenus exprimant un mépris souverain pour ceux qui n’ont qu’à se satisfaire de ce qu’ils ont.

On rejoint ici les anciens conseillers fédéraux dont les propos de pur égoïsme, vu leur pension gargantuesque et les avantages que leur promiscuité avec les oligarques leur a sans doute procurés, font écho à un Macron pour qui seuls méritent d’être reconnus les «gagnants», ceux que l’on croise dans des gares et qui sont «quelqu’un» par rapport à tant d’autres qui «ne sont personne». Nous avons là l’hyperclasse mondialiste dans toute sa splendeur. La preuve est faite que la majorité de nos hommes et femmes politiques ne sont pas au service du bien commun mais à celui de l’oligarchie sans frontières. Ils la rencontrent non seulement à Davos mais lors des réunions feutrées du Bilderberg ou dans les salons des grandes multinationales, des consortiums bancaires ou des fonds de pension tels que Vanguard et BlackRock. C’est là qu’ils prennent leurs ordres.

Troisième affirmation: l’équilibre de l’AVS, en cas d’acceptation, serait rompu. Que ne cesse-t-on alors de financer une immigration ruineuse (près de deux milliards par an), des achats délirants tels que le dispendieux et peu efficace F35, ainsi qu’une participation anticonstitutionnelle aux sanctions iniques contre une Russie qui est attaquée depuis le début des années 90 du siècle précédent et ne fait que se défendre?

Se donner les moyens d’équilibrer les budgets

La population dans son ensemble voit les dépenses quotidiennes indispensables (alimentation, loyers, transports, assurances) augmenter dans des proportions de plus en plus insupportables, tout en constatant que ses revenus stagnent.

Je ne prendrai qu’un exemple: les assurances maladies.

Le système suisse a depuis longtemps remplacé les caisses publiques par les seules caisses privées. La contradiction ici est aveuglante. Si le but d’une caisse publique est de conserver son équilibre financier tout en fournissant une couverture satisfaisante pour des primes raisonnables, celui des caisses privées est de réaliser un maximum de profit. C’est ainsi qu’en dépit de réserves obligatoires à leur zénith et de réserves supplémentaires à la limite de la satiété, elles ne cessent, année après année, d’augmenter les primes dans des proportions qui confinent au vol pur et simple.

Elles ont des frais en augmentation, clament-elles. Certes: il faut bien permettre les profits hallucinants des laboratoires. Il est vrai que ces derniers allouent bon an, mal an des milliards à la corruption des élites politiques, scientifiques, économiques et médiatiques. Il s’agit donc de ne pas tarir une source aussi prolifique.

Si nos politiques avaient encore le pouvoir et s’ils avaient vraiment le souci du peuple (on peut rêver), ils nationaliseraient les caisses maladies privées et construiraient avec les réserves récupérées une caisse maladie publique nationale, adaptant les primes aux revenus et à la fortune. Ainsi celui dont le revenu lui vaut actuellement une prime annuelle de 6700 francs la verrait progressivement baisser puisqu’un autre dont le revenu serait double du sien paierait 13400 francs, tandis qu’un revenu cinq fois plus élevé imposerait une prime de 30500 francs. Quant à un milliardaire, il irait de soi qu’on pourrait exiger de lui une prime de plusieurs millions. Il est vrai que le peuple, deux fois interrogé à ce propos, a refusé deux fois parce que la propagande éhontée et mensongère de l’oligarchie lui a fait peur.

En attendant, le 3 mars, c’est sans hésitation un oui aux deux initiatives qu’il convient de répondre. L’une des difficultés majeures, toutefois, il faut en être conscient, est que la mentalité des diverses classes d’âge a changé depuis les années 60 et 70 du XXe siècle. Pour les jeunes et les salariés d’âge mûr que nous étions, il allait de soi que la solidarité avec les retraités devait jouer. Depuis lors, toutefois, des décennies de formatage ultralibéral ayant instauré la seule loi de la jungle ont introduit dans nos sociétés le poison de la jalousie (envers les fonctionnaires notamment), de l’égoïsme (chacun pour soi), de la fin de l’esprit de solidarité (le besoin s’en fera sentir quand les actifs d’aujourd’hui seront à leur tour vieux).

Il est vrai qu’avec une Union européenne qui, aux ordres de Washington, nous entraîne à marche forcée vers la guerre, tout cela n’aura bientôt plus aucune importance.

Michel Bugnon-Mordant, Fribourg

Tags: ,

Laisser un commentaire

Les commentaires sous pseudonyme ne seront pas acceptés sur la Méduse, veuillez utiliser votre vrai nom.

Mentions légales - Autorenrechte

Les droits d'utilisation des textes sur www.lameduse.ch restent propriété des auteurs, à moins qu'il n'en soit fait mention autrement. Les textes ne peuvent pas être copiés ou utilisés à des fins commerciales sans l'assentiment des auteurs.

Die Autorenrechte an den Texten auf www.lameduse.ch liegen bei den Autoren, falls dies nicht anders vermerkt ist. Die Texte dûrfen ohne die ausdrûckliche Zustimmung der Autoren nicht kopiert oder fûr kommerzielle Zwecke gebraucht werden.