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“Le choix des médias du groupe Bolloré (CNews, « Le JDD », Europe 1…) de privilégier les commentaires d’extrême droite sur le travail d’information évoque la stratégie du premier ministre hongrois, Viktor Orban”, écrit le correspondant du journal “Le Monde” à Vienne, Jean-Baptiste Chastand. Ce dernier craint un risque de contagion à partir d’une dérive qu’il convient toutefois de relativiser. La consultation régulière du site gouvernemental allemand Eurotopics, lequel publie chaque jour une revue de presse européenne, permet de se rendre compte qu’en Hongrie les titres numériques sont nombreux et souvent très critiques par rapport au gouvernement. En France, si des sites relativement contestataires comme Mediapart constituent l’exception qui confirme la règle, il n’en demeure pas moins qu’avec des journaux papier subventionnés à coups de millions, le paysage médiatique affiche une image très institutionnelle dans sa manière d’aborder l’actualité. De quoi se faire plus de soucis pour l’information dans l’hexagone qu’au pays des Magyars?


Hongrie toujours. Contraint d’avaler le plan d’aide à l’Ukraine, le pays subit “L’Europe au pas cadencé”, écrit Pierre Rimbert dans le “Monde diplomatique”, le meilleur journal papier francophone, et de loin, plus grand chose à voir avec son homonyme au quotidien. En 2003, nul, au sein de la Communauté européenne, n’avait songé à pénaliser la France parce qu’elle a refusé d’envoyer des troupes en Irak. Vingt ans après, le troupeau étoilé se retourne contre la brebis noire hongroise qui renâcle à soutenir l’effort de guerre dans l’affaire ukrainienne. Tu n’obéis pas, on te ruine en coulant ta monnaie! Deux poids, deux mesures, cherchez l’erreur. “L’action coercitive de Bruxelles contre les Etats membres franchit ici un nouveau palier: en 2015, l’Europe avait menacé de ne pas secourir la Grèce pour la contraindre à accepter un plan d’austérité draconien; désormais, elle se dit prête à ravager l’économie du récalcitrant. Cet acte de répression politique paraît d’autant plus disproportionné que la Hongrie n’a cette fois enfreint aucun traité”, commente Pierre Rimbert. Rassurez-nous, ce n’est pas ce club de racketteurs que nombre de Suisses rêveraient de rejoindre, tout de même?


Les individus “perturbés” armés d’un couteau troublent l’ordre public. Chaque jour apporte sa dose de frayeurs dans nos bonnes villes. Avec toujours le même scénario. Bizarrement, lesdits “détraqués” ne pipent jamais mot. Jamais vous ne les entendrez prononcer une référence à une divinité prônant l’appel au meurtre en échange du Paradis. A croire qu’ils sont muets. Mais où ces agresseurs vont-ils chercher ces vilaines idées? Et quelle est leur motivation? La réponse des forces de l’ordre ne varie pas: “circulez, il n’y a rien à voir!”. On ne saura pas ce qui motive cette vague d’agressions, encore moins ce qu’il advient des malades mentaux qui les commettent, puisque tel est le diagnostic délivré officiellement. A n’en pas douter, les asiles psychiatriques ont de l’avenir. Vol au-dessus d’un nid de coucou.


Dans son édition du printemps, la revue genevoise Immorama consacre un grand dossier à ce qu’elle nomme “L’ère du complot”. De l’abbé Barruel à la guerre en Ukraine, l’occasion de dégommer “trois siècles de théories complotistes qui déchirent le monde et attisent la haine”. Un pot-pourri fantaisiste où sont exhumés les mystères de morts aussi soudaines que médiatisées, Kennedy… Lady Di… En passant par le récit de la supercherie Henry Gauthier-Villars, le mari de Colette, “lequel signa de son nom les premières oeuvres de la romancière sans en avoir écrit une traître ligne”. Le problème est que cette imposture littéraire s’avère parfaitement prouvée et réelle, elle. Et l’on ne voit pas du tout ce que cet exemple vient faire dans un dossier consacré au complot. Au contraire, il en discrédite totalement la thèse. La Conspiration avec un grand C mériterait-elle à son tour des obsèques au Panthéon?

Le jésuite Augustin Barruel soutint que la Révolution française a été appuyée par la bourgeoisie libérale qui voulait accéder au pouvoir.


La révolution à venir sera d’abord poétique et philosophique prédit l’astrophysicien Aurélien Barrau dans un entretien avec la professeure de lettres Carole Guilbaud, publié en 2022 aux éditions Zulma. Parce que la politique dans ses schémas traditionnels a fait son temps, à l’heure où la mise en place de systèmes de surveillance de masse devient “extraordinairement inquiétante”. Dotée d’un pouvoir législatif, l’assemblée citoyenne offrirait une porte de sortie mais “un système peut-il permettre sa propre refondation au autorisant la révolution qui le récuserait? Rien n’est moins sûr”, conclut le scientifique, un brin désabusé. Mais que dit le poète? L’année de sa mort, en 1975, Pasolini pleurait la disparition des lucioles. Aurons-nous assez de larmes à verser sur la destruction des lanternes guidant notre cerveau dans le grand tunnel du conditionnement des âmes?


Le “Matin Dimanche” trace un parallèle entre les génies et les psychopathes. Le phénomène est frappant dans le sport, paraît-il, où les grands champions présenteraient les caractéristiques du psychopathe. “Les études sont formelles: les sportifs qui manquent d’empathie et excellent dans la manipulation ont plus de chances de l’emporter”, titre l’hebdomadaire. Dac doc, mais si je renverse la question: les psychopathes seraient-ils à leur tour tous des génies? Que répond le Maestro?

Le Médusé

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