Les Cahiers bleus de Zhenishbek – L’histoire de ce client du 3ème étage de l’hôtel et de l’usage qu’il fit de ses draps de lit…

PAR ZHENISHBEK EDIGEEV

J’ai eu beau changer de pays, je n’en suis pas moins resté journaliste dans l’âme ; les yeux sur les côtés, comme les mouches ; toujours à l’affût de l’insolite et de bonnes histoires. En voici une – comme souvent, née d’une rencontre de hasard…  J’étais à la recherche d’un hôtel, modeste si possible pour une délégation kirghize venue participer à une conférence des Nations Unies. 

 Cet hôtel, « Rhodania », je le dénichai non loin de la gare. Six étages, un air vieillot, des chambres petites mais impeccables. Je me mis à converser avec la réceptionniste qui s’avéra être la souriante propriétaire de l’hôtel avec son mari : « J’ai 85 ans et lui 90 ans, puis elle ajouta avec humour : « Un seul job, un seul mari, une seule femme, telle est notre vie depuis 60 ans que nous possédons cet hôtel. Nous ne le quittons jamais. Pas de vacances».

Ah si les chambres pouvaient parler!

Il faut dire qu’elle avait de quoi voir sans se déplacer avec tout ce qui se passe dans les hôtels! Pas seulement des suicides; comme celui du  Monsieur très chic et très cravaté, qui avait sauté du 6ème étage ; pas seulement des amants éperdus en quête d’un lit… Ah si les chambres pouvaient parler !

X m’en a raconté de belles ! La plus extraordinaire est sans conteste celle de ce client du 3ème étage et de l’usage qu’il fit de ses draps de lit… « C’est la pharmacienne du trottoir d’en face qui me l’a fait remarquer en agitant les bras ». L’homme avait noué ses draps pour en faire une corde et était descendu de 3ème étage, le long du mur, comme un prisonnier qui s’évade de sa cellule. Puis, il a couru à la gare. En bonne pipelette qu’elle était, X avait fait une enquête sur cet étrange client. Il n’avait rien de spécial, un fonctionnaire international, venu assister à une conférence de l’ONU. Le problème, c’est qu’il était claustrophobe !!! Paniqué dès qu’il se croyait enfermé, n’arrivant pas à ouvrir la porte de sa chambre, bloquée je ne sais pour quelle raison, il s’était lancé dans cette folle équipée en plein jour en pleine ville.  

Cette chronique contient des nouvelles, aphorismes, histoires vraies et autres récits écrits entre l’âge de 15 et 35 ans sous la forme d’un journal par le journaliste et écrivain genevois d’origine kirghize, Zhenishbek Edigeev. Un premier tome des “Cahiers bleus” a été publié en 2022.

« J’ai 85 ans et lui 90 ans. Un seul job, un seul mari, une seule femme, telle est notre vie depuis 60 ans que nous possédons cet hôtel ». Photo DR

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